Face à la montée des tensions et à la recrudescence des violences dans l’Est de la République Démocratique du Congo, le gouvernement congolais durcit le ton. Lors du traditionnel briefing gouvernemental du jeudi 23 octobre 2025, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a livré un message sans détour, empreint de gravité, de clarté et de responsabilité.

un cessez-le-feu violé, un processus sous pression

Alors que les négociations se poursuivent à Doha dans le cadre du processus de médiation internationale, les violations du cessez-le-feu se multiplient sur le terrain, particulièrement dans les territoires de Rutshuru, Goma et Bukavu, épicentres d’une insécurité chronique. Pour Patrick Muyaya, il ne s’agit plus de rester dans la diplomatie silencieuse : « Nous savons qui viole le cessez-le-feu, qui tue à Goma et Bukavu, et qui a massacré à Rutshuru », a-t-il lancé avec fermeté.

Doha : entre espoirs de paix et réalités du terrain

Le processus de Doha, piloté sous la médiation conjointe du Qatar et des États-Unis, prévoit un suivi minutieux des engagements pris par les différentes parties en conflit. Le ministre a salué la mise en place d’un comité conjoint de surveillance, censé garantir la traçabilité, la transparence et la responsabilité. « Le Congo reste fidèle à ses engagements. Nous ne jouons pas la carte de l’hypocrisie », a-t-il déclaré.

Un appel à la responsabilité internationale

Sans nommer directement les auteurs des violences, Patrick Muyaya laisse entendre que les preuves sont réunies. « Nous avons la liste de ceux qui portent la responsabilité de ces drames. » Une déclaration lourde de sens, qui met la communauté internationale face à ses responsabilités. À demi-mot, le gouvernement congolais semble pointer du doigt des groupes armés appuyés de l’extérieur, tout en appelant à une condamnation ferme des violations du droit international humanitaire.

Un ton nouveau, un cap assumé

La déclaration de Patrick Muyaya s’inscrit dans un changement de posture du gouvernement congolais : ne plus se contenter de dénoncer, mais affirmer, documenter et exiger. Contrairement à certaines communications du passé, souvent prudentes ou diplomatiques, celle-ci est marquée par la franchise et une volonté d’en finir avec l’impunité.

Ce ton nouveau montre que Kinshasa ne se contente plus de subir, mais entend peser dans les négociations avec clarté, détermination et souveraineté.

Conclusion : cap sur la paix, sans naïveté

Patrick Muyaya appelle à se recentrer sur l’essentiel : consolider les acquis diplomatiques et bâtir les conditions d’une paix durable. Son message résonne comme un avertissement, mais aussi comme une main tendue à tous ceux qui souhaitent réellement la stabilité en RDC.

Car pour le gouvernement congolais, la paix ne peut être négociée au prix du silence ou de la complaisance, et la vérité ne saurait être sacrifiée sur l’autel de la diplomatie.

Arnold TSHIMANGA

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